Travaux et malfaçons : comment se retourner contre un artisan ?

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| Mis à jour le 31/08/2021 | Publié le

SOMMAIRE

Vous avez fait appel à un artisan pour d’importants travaux de rénovation ou pour effectuer des réparations dans votre maison. À la suite de son intervention, vous constatez que le travail a été mal fait, et qu’il faudrait tout refaire. Pire, le chantier n’a pas été mené à son terme. De quels recours disposez-vous pour agir contre l’artisan ? Comment obtenir une nouvelle intervention de sa part à ses frais ? Comment obtenir le remboursement de sa prestation ? Avocats Picovschi, compétent en droit de l’immobilier, vous explique comment engager la responsabilité de l’artisan avec l’aide d’un avocat.

L’artisan est-il tenu d’une obligation de résultat ?

Depuis l’intervention d’un artisan sur votre maison, vous subissez de nombreuses déconvenues : pannes à répétition, éléments qui se détachent, malfaçons importantes au niveau des fondations… vous n’êtes absolument pas satisfait de la qualité de son travail et vous vous interrogez sur les recours possibles en cas de travaux mal faits.

Sachez que l’obligation principale d’un artisan est de réaliser les travaux prévus au devis ou au contrat signé. De fait, ne commanditez jamais de travaux sans avoir signé de devis au préalable.

Dans ce cadre est mise à la charge de l’artisan une obligation de résultat : s’il réalise des travaux, ils doivent être conformes aux règles de l’art, et s’il s’agit d’une intervention pour effectuer des réparations, la panne doit être résolue, et ne pas se reproduire.

Si tel n’est pas le cas, vous pouvez en principe engager sa responsabilité contractuelle puisqu’on estime qu’il n’a pas rempli ses obligations contractuelles et qu’il a ainsi été négligent (Cass., 1ère Civ., 5 mars 1991, n° 88-14156 sur un sinistre intervenu consécutivement à l’intervention d’un électricien).

Classiquement, vous pouvez constater l’apparition de fissures sur des murs. Face à cette situation, vous pouvez demander à l’artisan qu’il revienne sur place pour rectifier son travail, ou demander le remboursement d’une partie, voire de la totalité du prix versé en contrepartie de la prestation (articles 1231-1 et 1217 du Code civil).

Ce sera à l’artisan de prouver que la défectuosité n’est pas de son fait. À cette fin, il devra faire réaliser une expertise sur les malfaçons consécutives aux travaux afin de déterminer les responsabilités de chaque partie. À cette fin, le recours à un expert judiciaire, agréé par les tribunaux, est fortement recommandé et l’assistance d’un avocat en droit immobilier vivement conseillé.

L’artisan peut se montrer réticent à l’idée de réintervenir à ses frais et faire la sourde oreille. Face au refus de réparer les défauts, il est nécessaire d’entamer une action en justice contre lui afin de ne pas laisser cette situation perdurer.

En cas de malfaçons apparaissant pendant la construction ou d’exécution des travaux, il est possible d’agir contre l’artisan. L’article 1217 du Code civil permet en ce sens de suspendre l’exécution de vos propres obligations en tant que client en cas de négligences de la part du cocontractant, à savoir arrêter de payer. Il s’agira de faire établir un constat d’huissier pour consigner les malfaçons et agir ensuite devant les tribunaux afin d’obtenir la résolution du contrat et le versement de dommages et intérêts.

Faire appel à un avocat compétent en droit de l’immobilier et de la construction vous permettra d’être épaulé dans les démarches à effectuer afin de faire établir l’existence de malfaçons pour porter votre action devant le juge.

L’artisan est-il tenu de respecter des garanties de construction ?

Il existe trois garanties légales d’ordre public auxquelles est tenu l’artisan et qui ne peuvent faire l’objet d’aucune dérogation. Toute mention dans le devis ou contrat qui le déchargerait en tout ou partie de ces garanties est illicite.

Dès lors que l’artisan est amené à intervenir sur la structure du bien, il est redevable des garanties de construction des articles 1792 et suivants du Code civil, et notamment de la garantie décennale. Il est en principe responsable dès lors que des vices affectent la solidité de l'ouvrage ou le rendent impropre à sa destination. Ce sera le cas par exemple en cas d’intervention sur la toiture, les murs porteurs ou l’encadrement des fenêtres. La garantie décennale se prescrit par dix ans à compter de la réception de l’ouvrage et vaut en matière de construction, reconstruction et rénovation.

Il est aussi tenu de garantir les éléments d’équipement dissociables du bien qu’il aurait pu installer (une chaudière par exemple) en vertu de la garantie biennale de fonctionnement prévue par l’article 1792-3 du Code civil.

Il doit enfin respecter la garantie de parfait achèvement à laquelle l'entrepreneur est tenu pendant un délai d'un an à compter de la réception des travaux. L’entrepreneur doit alors réparer tous les désordres signalés par le maître d'ouvrage, qu’ils soient esthétiques ou structurels. Ils peuvent notamment être signalés grâce à l’établissement de réserves au moment de la réception des travaux avec mention des malfaçons sur le procès-verbal de réception, puis après la réception par l’envoi d’une mise en demeure avec accusé de réception. Toutefois, cette garantie ne concerne pas les défauts d’usure. Attention, si vous constatez des imperfections au moment de la livraison, pensez à bien les indiquer dans le procès-verbal de réception. À défaut, un artisan de mauvaise foi pourrait dire qu’elles sont de votre fait.

Les cas d’artisan refusant d’intervenir après la réalisation de travaux effectués sur un ouvrage sont fréquents, et en cas de réticence persistante de sa part, il sera là encore nécessaire d’agir devant les tribunaux avec l’assistance d’un avocat.

À noter que si les travaux effectués sont soumis à la garantie décennale, l’artisan est tenu de souscrire une assurance responsabilité décennale (article L242-1 du Code des assurances). Il doit joindre à ses devis et factures une attestation d’assurance, et doit mentionner dans tous les documents qu’il émet les références de sa police d’assurance. 

En cas de défaut d’assurance, il encourt des sanctions pénales pouvant aller jusqu’à une peine de six mois d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. Vous pourrez alors porter plainte contre un artisan avec l’aide d’un avocat et vous porter ainsi partie civile pour être indemnisé.

Pouvez-vous vous assurer contre le risque de refus de réparation ?

Si les intervenants sont tenus de souscrire une assurance spécifique, vous pouvez aussi de votre côté souscrire une assurance dommages-ouvrage. Cette dernière peut s’avérer très utile puisqu’elle permet de faire financer les réparations par l’assureur, à charge pour lui de se retourner ensuite contre l’entrepreneur. Notez cependant qu’elle n’est usitée qu’en cas de travaux de rénovation conséquents.

L’assurance dommages-ouvrage peut être actionnée à la fois pendant la garantie décennale et au cours de la garantie de parfait achèvement. Ainsi, si votre mise en demeure de l’entrepreneur reste infructueuse, l’assureur se chargera de faire effectuer les travaux nécessaires sans que vous ayez à poursuivre l’artisan en paiement a posteriori.

Artisan ou sous-traitant : qui est responsable ?

La sous-traitance est fréquente dans le domaine de la construction, et agir contre l’artisan qui a effectué les travaux vous apparait alors impossible.

Ce peut être le cas par exemple lorsque vous faites construire une maison : est signé avec un constructeur un contrat spécifique, le contrat de construction de maison individuelle (CCMI), ce constructeur faisant ensuite appel à des entreprises du bâtiment pour réaliser les travaux.

Le Code civil pose le principe de l’effet relatif des conventions : les contrats ne créent d'obligations qu'entre les parties. De ce fait, les tiers au contrat ne peuvent engager la responsabilité contractuelle de l’artisan sous-traitant (article 1199 du Code civil).

Ainsi, il faudra engager un recours contre le constructeur de maison individuelle en cas de défauts constatés. À charge pour lui de se retourner contre les entreprises auxquelles il a fait appel.

Sachez que dans le cadre d’un CCMI la loi prévoit la consignation automatique de 5 % de la somme due si vous rencontrez des difficultés à faire réparer des malfaçons. Dans les autres cas, c’est une possibilité que vous pouvez prévoir au contrat.

Si l’artisan qui est intervenu chez vous n’est pas diligent et que la voie judiciaire semble inévitable, assurez-vous d’être épaulé par des professionnels du droit qui vous faciliteront la tâche. Selon le montant du sinistre, il conviendra de saisir soit le juge de proximité (litige inférieur à 4 000 euros), soit le tribunal judiciaire (litige supérieur à 4 000 euros).

En présence de malfaçons liées à des travaux effectués sur un bien immobilier, les enjeux peuvent être considérables. Avocats Picovschi, inscrit au barreau de Paris depuis plus de 30 ans et compétent en droit de l’immobilier et de la construction vous fait bénéficier de son regard aguerri sur ce type de litige afin de mener à bien vos recours. Notre cabinet accompagne depuis de nombreuses années ses clients afin qu’ils bénéficient de leur conseil avisé mais aussi et surtout de leur grande combativité. Il est notamment à même de vous aider dans une action en référé si vous faites face à une situation particulièrement urgente en raison de malfaçons. 


Sources : Sources : articles 1199, 1217, 1231-1 et 1792 et suivants du Code civil ; article L242-1 du Code des assurances ; Cass., 1ère Civ., 5 mars 1991, n° 88-14.156.

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