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Au décès d’un proche, il arrive que les héritiers se retrouvent en indivision sur un ou plusieurs biens. Le partage peut s’avérer difficile et le désaccord entre les indivisaires empêche parfois une issue sereine. Si aucun accord n’est possible, sortir de l’indivision peut se faire par voie judiciaire via la licitation. Il s’agit de la vente aux enchères d'un meuble ou d’un immeuble figurant dans une masse à partager, et en particulier dans une indivision. Avocats Picovschi vous éclaire sur ce point.
La licitation : une opération pour mettre fin à l’indivision sur un bien difficile à partager
Dans une succession, lorsqu’il y a plusieurs héritiers tous les biens du défunt sont transmis en indivision avant qu’intervienne un acte de partage. Le partage signifie que chaque indivisaire se voit attribuer une part déterminée, en fonction des droits qu'il détient dans l'indivision successorale. Lorsque c'est possible, la masse partageable sera divisée en lots. Ainsi, chacun recevra un bien en nature. Lorsque la division en lots n'est pas possible, les biens peuvent également être vendus et la répartition entre chaque indivisaire se fera alors en valeur.
Certains biens sont difficiles à partager en nature et, dès lors que les membres de l’indivision ne sont pas d’accord sur la vente ou sur l’attribution de lots, sortir de l’indivision peut s’avérer difficile. Or, selon le Code civil « nul ne peut être contraint à demeurer dans l'indivision et le partage peut toujours être provoqué, à moins qu'il n'y ait été sursis par jugement ou convention. » Le partage peut être provoqué par voie judiciaire et l'article 1377 du Code de procédure civile prévoit que « le tribunal ordonne, dans les conditions qu'il détermine, la vente par adjudication des biens qui ne peuvent être facilement partagés ou attribués ». La procédure de la licitation a donc pour objet de vendre aux enchères des biens en indivision, en l’absence de consensus entre les indivisaires.
La procédure de la licitation-partage
La procédure de licitation se fait devant le Tribunal de grande instance. L’assignation doit comporter les informations concernant la consistance du patrimoine à partager, les intentions du demandeur quant à la répartition des biens et les diligences faites en vue de la réalisation d'un partage amiable.
Le tribunal, qui ordonne la vente sur licitation, détermine la mise à prix des biens et les conditions essentielles de la vente. Le tribunal désigne un avocat ou un notaire qui sera en charge de dresser le cahier des charges. Ce cahier doit indiquer les biens vendus sur licitation, leurs montants et leurs conditions de vente ainsi que le jugement qui a décidé la vente. Une fois les modalités de la mise en vente du bien établi, le cahier des charges contenant les conditions générales de vente est déposé au greffe.
La licitation obéit au droit commun de la saisie immobilière, concernant notamment le déroulement des enchères, la capacité d'enchérir, le titre de vente, etc.
Ainsi, les indivisaires doivent être informés au moins un mois avant la date prévue de l'adjudication et disposent, selon les articles 815-14 et 815-15 du Code civil, d'un droit de préemption et de substitution. Ainsi, chaque indivisaire bénéficie d’un droit de se substituer à l'acquéreur, dans un délai d'un mois à compter de l'adjudication, par déclaration au greffe ou auprès du notaire.
Lorsque l'adjudication est terminée et lorsque le délai de dix jours durant lequel toute personne peut faire une surenchère est écoulé, l'adjudicataire consignera le montant de la vente entre les mains du notaire afin d’être réparti entre les indivisaires en fonction de leurs droits. S’il existe des créanciers, le notaire devra également prendre en compte les procédures engagées par les créanciers.
La licitation oblique : une action des créanciers personnels des indivisaires
Dans certains cas particuliers, la licitation peut être mise en œuvre par le biais d’une action oblique, c’est-à-dire qu’elle n’est pas mise en place par l’un des coïndivisaires, mais par un de ses créanciers personnels. Cette action permet en effet au créancier d'un indivisaire de provoquer le partage afin d’obtenir le paiement de sa créance. Cette possibilité découle de l’article 1341-1 du Code civil qui dispose que : « lorsque la carence du débiteur dans l'exercice de ses droits et actions à caractère patrimonial compromet les droits de son créancier, celui-ci peut les exercer pour le compte de son débiteur, à l'exception de ceux qui sont exclusivement rattachés à sa personne. »
Les indivisaires pourront en principe éviter la vente forcée, en s’acquittant de l'obligation de leur coïndivisaire débiteur. Ils pourront obtenir le remboursement du paiement de cette dette, par la suite, sur la part en indivision du débiteur.
Avocats Picovschi, compétent en droit des successions, peut vous aider à sortir de l’indivision par voie judiciaire. Habitués aux successions difficiles, nos experts vous permettront de provoquer le partage à l’amiable ou par voie contentieuse si cela est nécessaire.
Sources : www.information-juridique.com, La licitation, fin de l’indivision, Sarah Battis, 03/08/2009 ; LexisNexis, Synthèse - Indivision légale, Jean-Baptiste DONNIER, 14 Novembre 2017 ; 815-14, 815-15, 1341-1 du Code civil, article 1377, L331-1 et L331-2, R322-50 à R322-63 du Code de procédure