Droit international et clause attributive de juridiction

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La clause dite « attributive de juridiction » se retrouve dans de plus en plus de contrats internationaux. Que ce soit dans les conditions d’utilisations des réseaux sociaux (Instagram, What’s App ou Facebook…), dans les contrats de transports (notamment avec les compagnies aériennes) ou encore dans des contrats de distributions internationaux. Mais savez-vous ce que cette clause signifie et ses conditions de validité ? Avocats Picovschi, compétent en droit international, vous éclaire.

Qu’est-ce qu’une clause attributive de juridiction ?

Une clause attributive de juridiction s’apparente à une disposition contractuelle qui énonce la juridiction compétente si un litige devait s’élever entre les parties quant à l’interprétation ou l’exécution du contrat qu’elles ont signé. Souvent à l’initiative d’une partie en particulier, rien n’empêche les parties de choisir une juridiction d’un État autre que de leur État respectif.

Cette clause, de plus en plus présente dans les contrats internationaux, présente un double avantage.

  • En premier lieu, elle participe à un gain de temps considérable en cas de contentieux entre les parties puisqu’elles leur évitent de passer par la case de détermination des juridictions compétentes, la clause ayant déjà désigné le tribunal qui statuera sur l’affaire.
  • En second lieu, cela peut permettre d’avoir l’assurance de connaître les processus de décisions de la juridiction en question. En clair, en choisissant une juridiction précise, par exemple les tribunaux français, on s’attache aussi la jurisprudence et l’interprétation juridique du juge choisi, en l’occurrence du juge français dans cet exemple.

Dans des cas beaucoup plus rares, l’utilisation d’une clause attributive de juridiction peut aussi avoir pour but de se prémunir de juridictions étatiques dont les parties ont des doutes légitimes sur leur impartialité.

Les conditions de validités d’une clause attributive de juridiction

Tout d’abord, il convient de distinguer une clause attributive de juridiction applicable dans l’ordre juridique français, c’est-à-dire entre deux parties françaises, d’une clause applicable entre cocontractants domiciliés dans différents États. L’existence d’un élément d’extranéité (international) conditionnera le droit applicable.

  • En droit français :
  • Les clauses attributives de juridiction en droit français ne sont admises que sous certaines conditions : la clause doit être « spécifiée de façon très apparente dans l’engagement » entre des personnes ayant la qualité de commerçants (article 48 du Code de Procédure civile). Aujourd’hui, ce type de clause attributive de juridiction en droit français est très résiduel.

  • En droit international :
  • En revanche, lorsque les contrats sont internationaux et que cela ne concerne plus uniquement l’ordre juridique français, alors les clauses attributives de juridiction sont en principe licites. En matière de droit européen, c’est notamment le Règlement « Bruxelles I bis » qui, dans son article 25, autorise les clauses attributives de juridiction. 

    Il a ainsi été jugé, sur le fondement de l’article 48 du Code de procédure civile précitée, qu’une clause attributive de juridiction rédigée en langue anglaise au profit d’une juridiction allemande et opposée à une personne physique non commerçante domiciliée en France est valable. La Cour de cassation explique son choix par le fait que « les parties étaient, à la date de la convention, domiciliées sur le territoire d’États communautaires, que la situation était internationale et que la clause, rédigée par écrit, relative à un rapport de droit déterminé, désignait les tribunaux d’un État communautaire » (Cass. Civ. 1ère 23 janvier 2008, numéro 06-21.898).

    Toutefois, certaines parties dites « faibles » bénéficient d’une protection particulière. Dans le Règlement Bruxelles I bis, les contrats d’assurance, de consommation et de travail bénéficient d’une exemption et ne peuvent pas faire l’objet d’une clause attributive de juridiction. De même, en droit international privé commun (hors pays de l’Union européenne), la France reste très frileuse sur les clauses attributives de juridictions dans les relations entre professionnel et consommateur (droit de la consommation).

    À titre d’exemple, la Cour d’appel de Paris (Cours d’appel de Paris, 12 février 2016, n° 15/08624) s’était prononcée sur la compétence du juge français dans un litige opposant la société Facebook à l’un de ses utilisateurs en écartant la clause attributive de juridiction qui donnait compétence au juge californien. Cette clause figurait dans les conditions générales que tout utilisateur doit accepter en vue de créer un compte et créait une relation asymétrique entre le consommateur et la société.  

    Vous l’avez sûrement déjà compris mais les conditions de validités de fond d’une clause attributive de juridiction sont soumises en matière de droit international à une connaissance pointue tout à la fois en droit européen et en droit français. Quant aux conditions de formes de la clause, notamment la lisibilité et la transparence de celle-ci, elles sont appréciées strictement et souverainement par le juge d’où la nécessité d’être accompagné d’un avocat expert en la matière pour sa rédaction.

    Avocats Picovschi, compétent en droit international à Paris, vous accompagne de la rédaction de la clause attributive de juridiction à la mise en place de votre contrat. Si vous souhaitez contester une clause attributive de juridiction, nos avocats peuvent vous proposer un accompagnement personnalisé pour vous rétablir dans vos droits.

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